mercredi 12 février 2014

Les nouvelles et la Lune

Ça fait plusieurs jours que je n'ai pas mis le nez dans les journaux.

Ces temps-ci, je me contente de pas grand chose. En fait, ça s'agite tellement autour, pas besoin de regarder bien loin pour que ça nous frappe. J'avais besoin de cette pause. Les rentrées de plus en plus exigeantes me prennent tout ; mon coeur tout à mes passions, j'ai malgré tout la concentration à zéro. L'Alzeimer me guette-t-il ? À trop en entendre parler, on devient tous anxieux et craintifs, une vraie folie… 

Normalement, pendant l'automne, tous les jours, j'ai le nez dans le journal. Cours de politiques sociales oblige. Je m'exige d'être impeccable aux yeux des élèves. J'essaie de ne pas en manquer une. Une nouvelle, je veux dire. Une source d'indignation. Un évènement. le bon, celui qui révèlerait l'implacable injustice de ce monde.

Alors aujourd'hui, j'ai quitté la maison, Le Devoir sous le bras. Y'avait longtemps ! Oh... un bon gros trois semaines, au moins !

Je l'ouvre :

"Subvention à l'emploi  - Demande de retrait de Québec : Ottawa n'exclut rien."
"Plus du tiers des français approuve les idées du Front national"
"Pétrolia - Gaspé demande l'intervention de Québec"
"La GRC et le SCRS auraient espionné des militants environnementaux"
"L'oléoduc Energie Est pourrait engendrer 32 millions de tonnes de GES"
"La carotte aux banquiers, le bâton aux salariés : Barclays annonce l'augmentation des primes de ses dirigeants et le congédiement de 12 000 employés de plus…"

Et ça continue comme ça. 
À l'infini.
Page après page.


Soupir.

...

Re-Soupir.

Je rentre chez moi. 17h25.
Le ciel de février est encore beau et clair. 
La lune gibbeuse est bien là, sud-sud-est, à 30 degrés, astre à la lumière dorée, heureuse. 
Enfin, elle sourit, non ?
Dans un ciel bleu et limpide.
La Lune, presque pleine.

Et dans ma ville laide, si laide, dans ma ville-béton, ma ville-bithume, ville de bagnoles, de commerces à l'infini, de petites vies, dans cette ville froide et sans âme qui m'a vue, enfant du nord, enfant des Laurentides, grandir, aimer, jouer sur l'asphalte, dans les sous-sol de L'Abord-à-Plouffe, entre la ville grise et les villages pauvres d'en haut de Mont-Laurier, fille de bûcheron et de maîtresse d'école,  mon regard s'accroche à la Lune et  aux quelques branches des rares érables de ma rue, leurs rameaux cendrés tendus vers le ciel. 

Un faible indice, un espoir qu'on peut, peut-être, espérer autre chose.



Aucun commentaire:

Publier un commentaire